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HISTOIRE DE JAEGER-LECOULTRE
Jaeger-LeCoultre représente pour la Haute Horlogerie, ce que l’on pourrait appeler « le mariage idéal ».
L’innovation épouse la durée !
Dans plusieurs articles de veryimportantwatches.com, je souligne que la durée seule n’ajoute rien au produit, si elle n’est pas accompagnée de l’innovation, qualité essentielle de la Haute Horlogerie.
C’est l’effort continu d’être toujours en avance sur son temps, qui fait avancer l’Histoire d’un milieu professionnel ou artistique et confère à une marque le titre précieux de Maison Historique.
Jaeger-LeCoultre n’est peut-être pas la Maison la plus ancienne du monde horloger – même si sa création date de 1833 – mais l’on peut sans risque affirmer que c’est elle qui a le plus offert à la montre de base, comme à la montre compliquée !
La devise de l’époque chère à Günter Blümlein et à Henry-John Belmont « Avec l’œil, la main et le cœur » nous offre une image parfaite de ce cas unique que représente la Manufacture Jaeger-LeCoultre, qui poursuit aujourd’hui une histoire jalonnée de plus de 1000 calibres différents, de 300 brevets, de premières mondiales, et de montres de légende comme la Reverso, la Duoplan, la Memovox, la Polaris, la Gyrotourbillon I, ou encore la pendule perpétuelle Atmos.
Mais reprenons l’histoire dès le début :
La famille LeCoultre s’installe dans la Vallée de Joux au XVIe siècle, quand Pierre LeCoultre, fuyant les persécutions menées en France contre les protestants décide de s’y implanter après avoir été, pour un temps, « habitant » de la ville de Genève. Homme volontaire et courageux, déterminé à relever tous les défis, il acquiert une terre dans la Vallée de Joux, comme en témoigne la charte qu’il signe à cette occasion et reste inscrite dans l’histoire de la région. Il lui faut alors mener la vie rude d’un pionnier partagée entre le défrichage des forêts, les travaux agricoles et l’élevage, sans oublier la chasse à l’ours ou au loup qui pullulaient dans la région. En dépit de nombreux obstacles et de diverses péripéties, la petite communauté s’élargit. En 1612 le fils de Pierre LeCoultre bâtit un temple qui marque la naissance du village du Sentier.
La famille LeCoultre travaille pendant des générations dans la petite forge familiale et c’est là qu’Antoine LeCoultre, inventeur de génie et fondateur de Jaeger-LeCoultre, dixième génération depuis Pierre LeCoultre, s’initie aux mystères de la métallurgie, en inventant avec son père de nouveaux alliages, en perfectionnant les lames vibrantes des boîtes à musique et en jetant les bases de l’industrie des rasoirs. Sa curiosité et sa volonté de combiner les connaissances empiriques au savoir scientifique l’orientent bientôt vers le plus noble des arts mécaniques : l’horlogerie.
Le climat très rigoureux de la Vallée de Joux située à une altitude de 1000 mètres, isolée des voies commerciales et cernée de cols souvent fermés par d’interminables hivers, a certainement contribué au destin de la région. Les femmes et les hommes installés sur cette terre à conquérir savaient que leur survie avait un prix : l’ingéniosité.
Chez Jaeger-LeCoultre, les inventions étaient inscrites dès le début au programme de tous les jours. Le premier atelier de LeCoultre a été créé en 1833, quand Antoine LeCoultre a mis au point une prouesse technique, une machine à tailler les pignons horlogers, adoptée par la suite – comme c’est toujours le cas pour les grandes découvertes de la Maison – par tous les professionnels du milieu, contribuant ainsi au rayonnement mondial de l’horlogerie suisse !...
Les années se succèdent au rythme de multiples inventions, telles que le Millionomètre (1844), permettant de mesurer le micron (le millième du millimètre), le fameux « remontoir à bascule » (1849), le premier système pouvant remplacer la clef traditionnelle pour le remontage et la mise à l’heur d’ une montre ou les premiers mouvements compliqués, pièces auxquelles la Manufacture doit son surnom de « la Grande Maison ».
De 1860 à 1900, la Manufacture crée plus de 350 calibres différents ! La moitié comporte des complications : 99 calibres avec répétition, dont 66 avec répétition minutes, 128 chronographes, 33 calibres réunissant dans un même garde-temps le chronographe et la répétition. Et à partir des années 1890, la Manufacture fabrique ses premières Grandes Complications, soit des montres contenant trois complications horlogères majeures : quantième perpétuel, chronographe et répétition minutes.
En 1903, Edmond Jaeger (1858 – 1922), horloger parisien pour la Marine française, met au défi les Suisses de fabriquer des calibres ultraplats. Le petit-fils du fondateur de la Manufacture, Jacques-David LeCoultre (1875 -1948), alors responsable de la fabrication chez LeCoultre & Cie, relèvera le défi. De sa collaboration, puis de son amitié avec Edmond Jaeger allait naître l’une des plus extraordinaires collections de montres ultraplates, dont la plus plate du monde, équipée du Calibre LeCoultre 145 (1,38 mm d’épaisseur). Suivraient des œuvres pionnières dans le domaine des montres bracelets qui conduisent en 1937 à la fondation de la Maison Jaeger-LeCoultre.
Dès la naissance de la montre-bracelet, Jaeger-LeCoultre propose plusieurs modèles, qui attirent très vite l’attention du public et par la suite deviennent de grands classiques en traversant les décennies à travers des réinterprétations dues à l’inépuisable créativité des Maitres-Horlogers, ainsi qu’à l’inventivité féconde d’autres artistes – émailleurs, graveurs etc. – de la « Grande Maison ».
La première fut la Duoplan, qui ouvre la voie pour la création du mouvement le plus petit au monde, le Calibre 101. Née en 1925, Duoplan, est arrivée pour résoudre le problème de précision des montres-bracelets. Leurs dimensions minuscules par rapport aux montres de poche, imposaient des balanciers beaucoup plus petits qui manquaient de précision. Le mouvement Duoplan est bâti en deux « étages ». Ainsi le volume du balancier est beaucoup plus important, offrant à la montre une grande fiabilité et une précision pour la mesure du temps. La montre bénéficiait aussi d’un service après-vente unique, assuré par la Lloyd’s de Londres : chaque mouvement endommagé était remplacé en quelques minutes. Le détaillant londonien Tyme affichait avec fierté : « Durant la réparation de votre montre, vous n’aurez pas le temps de terminer votre cigarette » !
En 1929, le plus important calibre de la famille des Duoplan, le Calibre 101 pulvérise le record du plus petit mouvement mécanique au monde. Aujourd’hui, avec ses 98 composants (en 1929 ils étaient au nombre de 74), ses 14 mm de longueur, 4,8 mm de largeur et 3,4 mm d’épaisseur et son poids d’à peine 1 gramme, conserve, toujours inégalé, son record mondial datant, à ce jour, de 83 ans !
Tout aussi éternelle et historique est la fameuse pendule Atmos. Inventée en 1928 par le neuchâtelois Jean-Léon Reutter, l’Atmos représente pour les sciences un des rares objets frôlant l’ancien rêve du mouvement perpétuel. Il faudra tout le savoir-faire des horlogers de Jaeger-LeCoultre pour passer du statut de prototype à celui de pendule de Belle Horlogerie. L’Atmos puise son énergie dans les plus infimes changements de température. Une fluctuation d’un degré suffit pour la faire fonctionner durant deux jours. Elle consomme 60 millions de fois moins d’énergie qu’une ampoule électrique de 15 Watts ! Cet objet culte reste aujourd’hui encore, le cadeau officiel de la Confédération helvétique depuis plus d’un demi-siècle !
C’est pendant cette époque dorée de la Manufacture et plus précisément en 1931, que la Reverso, montre iconique par excellence de Jaeger-Leoultre fut également présentée. Dans le cas de la Reverso l’idée originale appartient à César de Trey qui, lors d’un voyage d’affaires en Inde, relève le défi de créer une montre capable de supporter les chocs pendant un match de polo. De retour en Suisse, De Trey confie son projet à Jacques-David LeCoultre, qui crée la Reverso, dont le nom s’inspire du latin « je me retourne ». Un simple geste permet de faire pivoter le boîtier sur son brancard pour protéger le verre de la montre. Le verso de la… Reverso s’offrira à tous les desirs de personnalisation au moyen de toutes les techniques de l’Art Horloger et la collection va parcourir des décennies, pour fêter aujourd’hui, plus jeune que jamais, sa plus grande réussite tant commerciale, qu’artistique.
Les décennies qui suivent la Seconde Guerre Mondiale, voient naître les montres de l’« homme actif » : celui qui doit reconstruire et repenser le monde. Dans le milieu de l’horlogerie on parle de la résistance aux chocs et au magnétisme, de l’étanchéité, de la précision chronométrique, et des fonctions utiles comme l’alarme, le calendrier, ou le remontage automatique.
En 1946, le Calibre 476 fut le premier calibre automatique de Jaeger-LeCoultre. Le mouvement automatique sera l’objet de multiples créations de la Maison, jusqu'à nos jours : masse à butées, masses à rotor, masses en or, remontage unidirectionnel puis bidirectionnel, haute fréquence, billes en céramiques, etc.
En 1950, la Memovox (littéralement la voix de la mémoire) nous offre la possibilité d’organiser notre temps de tous les jours avec une sonnerie : réveil, rendez-vous, horaires de train etc. En 1956, Memovox avec le Calibre Jaeger-LeCoultre 815 offre la présence simultanée de la fonction de réveil avec le remontage automatique.
Une montre unique, le Chronomètre Geophysic est offerte à William R. Anderson, commandant du sous-marin nucléaire américain qui, le 3 août 1958, a atteint le Pôle Nord dans un périple reliant l’Océan Atlantique au Pacifique par la voie la plus directe et la plus rapide.
Le début des années 90 est marqué en 1992 par la présentation de la collection Master Control, dont chaque montre passe un test exhaustif de 1000 heures (environ 6 semaines), ainsi que en 1991, par le lancement de la première Reverso à complications, la sublime « Reverso du 60ème », qui va être suivie par toute une succession d’autres séries limitées Reverso en or rose : tourbillon, répétition minutes, calendrier perpétuel, chronographe rétrograde… En 1994, la Reverso Duoface propose pour la première fois la possibilité d’avoir deux cadrans dos à dos, ainsi que l’indication de deux fuseaux horaires.
Cette même idée sera suivie d’une très belle interprétation féminine avec la Reverso Duetto, créée en 1997 : son recto évoque le temps du jour alors que son verso serti célèbre les heures de la nuit !...
Au début du XXIe siècle – et juste après l’acquisition de la Maison par le groupe Richemont – Jaeger-LeCoultre présente une créativité débordante ! 50 nouveaux calibres sont le fruit d’une petite décennie ! Parmi lesquels on trouve des grandes complications, tourbillons, répétitions minutes, chronographes, quantième perpétuels, 15 jours de réserve de marche, premier calibre dépourvu de lubrifiant, etc. Simultanément, plus de 50 brevets sont déposés pour protéger des inventions aussi bien dans le domaine des mouvements, que dans celui des boîtiers.
Avec des montres ultra-compliquées ou des créations de haute joaillerie, en passant par les Atmos compliquées, les AMVOX, les Master Compressor Diving ou encore les Reverso Squadra, Jaeger-LeCoultre s’impose comme la référence de la Grande Horlogerie.
Une grande innovation de l’histoire de l’horlogerie apparaît en 2002 avec la présentation de la Reverso Grande Complication à Triptyque, qui propose pour la première fois trois cadrans avec le même mouvement ! Sur son recto, l’heure civile est rythmée par un tourbillon isomètre à ellipse. Son verso offre une équation du temps et le calendrier zodiacal. Son troisième cadran est intégré à son brancard : un calendrier perpétuel instantané est actionné toutes les 24 heures, à minuit sonnantes.
En 2004, les horlogers de la Manufacture créent la Gyrotourbillon I, en la dotant d’un tourbillon sphérique gravitant sur deux axes ; un calendrier perpétuel à indicateurs double rétrograde et une heure solaire marchante, ainsi qu’une autonomie de huit jours. L’assemblage de quelques 679 composants, ainsi que le réglage de ce chef-d’œuvre sont confiés à un seul horloger. À lui seul le tourbillon sphérique est constitué de 100 composants, qui pèsent à peine un tiers de gramme !...
Tout au long de ces dernières années, la Maison produit des séries limitées et des montres rendant hommage aux grands classiques de la Maison, comme par exemple la Memovox Polaris, l’Atmos, ou les montres de plongée Deep Sea et bien sîr les Reverso, ainsi que des montres dont la réalisation présente de grandes difficultés comme la Gyrotourbillon II, ou le triptyque de la Hybris Mechanica.
Aujourd’hui plus de 1000 personnes, maitrisant plus de 40 métiers différents, via une infrastructure industrielle unique au monde, chaque jour inventent, conçoivent, fabriquent, assemblent, règlent, sertissent, gravent ou émaillent des garde-temps uniques qui font rayonner et renouvellent en permanence la grande tradition horlogère suisse dans le monde entier.
Et tout cela, en ayant seulement évoqué quelques unes des plus importantes des créations de Jaeger-LeCoultre, sans mentionner aucune des montres historiques appartenant aux Maisons de plus grande renommée du milieu horloger, qui hebergaient pourtant un mouvement issu de la Manufacture de Jaeger-LeCoultre !...
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